Né en 1824, élève de Paul Delaroche, avec lequel il va sillonner l’Italie entre 1844 et 1845, cet artiste, comblé d’honneurs de son vivant, reçu à l’Institut, professeur à l’Ecole des Beaux-arts et décoré de la Légion d’honneur est, paradoxalement, passé négativement à la postérité par son opposition farouche aussi bien à l’hommage posthume rendu à Manet, qu’au legs de Caillebotte. Dès 1847, il est médaillé au Salon et devient le chef de file de ce que les chroniqueurs de l’époque appellent « les néo-grecs », veine dans laquelle il excellera tout au long de sa vie. Sa retranscription de scènes antiques (La mort de César, Pollice verso, Ave Cesar etc…) avec un réalisme presque photographique, notamment grâce à une facture lisse et brillante et à un dessin soigné mis au service d’un style illusionniste spectaculaire, ne seront pas sans influence sur l’esthétique des péplums italiens et hollywoodiens du XXe siècle. A côté de ces œuvres antiquisantes, Gérôme réalise également des scènes plus populaires (Le marchand de couleurs, La sortie du bal masqué…) et des scènes historiques (Louis XIV et Molière, l’Eminence grise…) dans lesquelles, fidèle à sa technique, il privilégie la théâtralisation de l’anecdote et une certaine emphase accentuée par la prolifération de détails réalistes. Il se rend également en Orient, d’abord en Turquie (1854) et sur les bords du Danube, puis en Egypte (1857) et enfin au Moyen Orient en 1862. Ces voyages nourrissent son inspiration et lui permettent de réaliser ce que beaucoup de chroniqueurs considèrent comme ses meilleurs tableaux (le charmeur de serpents, le bain turc etc…).