Paul Signac naît à Asnières en 1863. La quatrième exposition impressionniste, où il découvre Caillebotte, Cassatt, Degas et Monet est un bouleversement pour le jeune garçon qui a alors seize ans. Il veut s’assoir et peindre ceux qu’il admirera longtemps. Mais Paul Gauguin le voit et le met à la porte avec ces mots : « on ne copie pas ici, Monsieur ».
Sa mère, en adoration devant le jeune garçon, aurait voulu en faire un artiste, mais ce premier émoi n’est pas resté sans conséquences et Signac quitte le Lycée pour louer un atelier à Montmartre. Il y fréquente les écrivains symbolistes qu’il lit et apprécie, et entame une amitié aussi solide que durable avec Monet. Sa première participation au Salon des Indépendants a lieu en 1884.
A partir de ce moment, il fréquente régulièrement Pissaro et Seurat, avec lesquels il fonde le groupe des « Impressionnistes dits scientifiques ». Il est en effet fasciné par l’idée d’une division chromatique du ton, selon des principes scientifiques, dont l’œil du spectateur reconstitue l’unité. Le pointillisme est né et mis en pratique pour la première fois en 1886. Dès lors, il se fait le chef de file de ce nouveau mouvement et cherche à y rallier ses contemporains à tout prix. Si Signac sait facilement créer de belles amitiés avec son entourage et se montrer affable, son œuvre de prosélytisme ne l’empêche en rien de se montrer impartial vis-à-vis des positions artistiques de ses amis. Aussi, il se montre fort critique à l’égard des Nabis ou du Credo artistique de Maurice Denis.
Ceux dont il partage les idéaux sont les poètes symbolistes. Avec eux il cherche à unir la vision onirique d’un paradis perdu, d’une utopie sociale et celle d’un art total. La mort de Seurat fragilise le mouvement pointilliste. Aussi, Signac publie en 1899 le manifeste De Delacroix aux Impressionnistes pour en camper les positions et lui donner ses lettres de noblesse. Jusqu’à sa mort en 1935, il peint inlassablement les côtes françaises selon ce manifeste, et tend sans cesse à rendre sa palette la plus colorée et la plus lumineuse possible.