Issu d’une famille de collectionneurs, Chu Teh-Chun a eu, très tôt, la chance de se familiariser avec la calligraphie et la peinture chinoise. C’est donc très naturellement que nait sa vocation d’artiste. Après avoir bénéficié de l’enseignement de l’école des Beaux-Arts de Hangzhou, dont Lin Fengmian était président, il est nommé, dès 1944, professeur à l’Université centrale de Nankin. En cette époque de guerre Sino-japonaise, Chu Teh-Chun se voit contraint de sillonner les différentes villes et villages de Chine : ces voyages provoquent une première recherche artistique, inspirée par les paysages naturels.
En 1955, il parcourt l’Europe et s’installe à Paris. Avide de connaissances, il rythme ses journées par de longues visites au Louvre, entrecoupées de séances de croquis régulières à la Grande Chaumière ou de cours de l’Alliance française. L’année suivante, il découvre les richesses de l’Espagne : Goya et Vélasquez au Prado, Greco à Tolède.
De retour à Paris, l’artiste chinois est bouleversé par la rétrospective de Nicolas de Staël (Musée d’Art Moderne, 1956). Il confie : « lentement je me suis retourné vers la pensée inspirant la peinture traditionnelle chinoise. J’ai découvert la poésie qui l’habite et cette manière d’observer la nature qui est proche de la peinture néo-impressionniste occidentale et plus encore de l’art abstrait » (entretien avec Gérard Xuriguera, in Les Années 50, Arted, 1984).
Chu Teh-Chun a alors trouvé son identité et n’aura de cesse d’explorer l’art abstrait. Son art naît de la rencontre entre la peinture chinoise traditionnelle et l’art moderne occidental. Par ailleurs, il laisse vivement transparaître un attachement pour l’espace et la nature. Maurice Panier, ancien directeur artistique de la galerie Le Gendre, parle de « l’espace multidimensionnel » pour définir la touche particulière du peintre qui allie savamment espace et structure.