Lin Fengmian apprend les techniques de la peinture traditionnelle chinoise dès son plus jeune âge et vend sa première œuvre à tout juste 9 ans. Il se trouve à Shanghai en 1918 lorsqu’il entend parler d’un programme d’étude en France et s’y précipite la même année. Il se passionne alors pour les peintres occidentaux qu’il étudie d’abord à Dijon puis aux Beaux-arts de Paris et découvre avec émerveillement les collections du Louvre et du Musée Guimet.
Son aventure européenne se poursuit à Berlin en 1923 et, l’année suivante, il fait part de son désir de marier l’art occidental à l’art asiatique en présentant une quarantaine de ses œuvres à l’Exposition Chinoise d’Art Ancien et Moderne à Strasbourg. Le peintre a trouvé son style personnel, sa mission en tant qu’artiste et retourne en Chine en 1925 où il devient président de l’Académie Nationale des Arts de Beijing et Directeur de l’Académie des Arts de Hangzhou. Il ne cesse de se remettre en question, s’interrogeant en parallèle sur l’avenir de l’art en Chine. Il jouera un rôle essentiel dans le développement de l’art contemporain chinois et sera le professeur de certains des plus grands artistes du XXe siècle tels que Zao Wou Ki et Chu Teh Chun. Les idées de Lin Fengmian sur la fusion entre art occidental et art chinois sont si révolutionnaires qu’elles lui vaudront d’être persécuté lors de la révolution culturelle. En effet, les couleurs vives de sa palette et son sens de la composition rappellent la peinture européenne des Fauves et des Cubistes. De plus il privilégie l’utilisation d’un format carré plutôt que les traditionnels longs rouleaux de calligraphie. L’art chinois accorde une importance toute particulière au vide que les artistes aiment parfois combler avec un poème. On remarque comme Lin Fengmian rompt avec cette tradition millénaire dans « La lecture » et « La jolie musicienne ». Pour le premier, l’artiste délimite sa composition à l’aide de deux bandes noires sur les côtés afin que le regard se porte sur son modèle au centre et dans le second, il propulse la musicienne vers l’avant grâce à un cadrage très serré et au feuillage qui l’entoure. Tout l’espace pictural est donc mis à profit comme pour ses sublimes paysages dont les montagnes, les arbres et les petites habitations occupent les quatre coins du papier.