Peintre et sculpteur prolifique, Max Ernst a marqué profondément l’ère de la Modernité. Précurseur en tout, il fut l’un des premiers artistes à s’intéresser à l’art brut, à travers la peinture et les dessins des patients d’un hôpital psychiatrique alors qu’il étudiait la philosophie à l’Université de Bonn. S’entourant d’artistes, de poètes et de philosophes, il décide de consacrer sa vie uniquement à la peinture dès ses vingt ans. Il est l’une des grandes figures des mouvements Dada et Surréalistes, et est un grand ami d’André Breton, père de ce mouvement artistique. Le Manifeste du Surréalisme est publié en 1924 et réunit l’ensemble des procédés de création, de la peinture à l’écriture, en passant par le cinéma et la sculpture.
Très empreint des découvertes de Freud et des débuts de la psychanalyse, le but de ce courant artistique novateur est de se détacher entièrement des valeurs reçues et héritées du passé et de découvrir le lien entre le monde réel et celui du rêve, en se libérant du contrôle de la raison. Toute l’œuvre de Max Ernst est teintée d’un onirisme puissant et étrange, parfois déroutant. Le lien entre l’inconscient, la psychologie et l’art se construit de manière intrinsèque dans son œuvre et nourrit sa recherche. Cette quête anime la création artistique de l’artiste qui s’est essayé à l’écriture automatique ou à la peinture sous l’influence de substances hallucinogènes. Il explique lui-même lors d’un entretien avec Simone Arbois pour Paru en 1950 : « il y a une part d’automatisme et une part de hasard. Cependant la personnalité s’y marque, de même que dans l’écriture. Dans l’opération qui peut sembler la plus hasardeuse, la main est guidée par on ne sait quelle intuition vers une forme ressemblante, non pas ressemblante à quelque chose, mais aux formes qui me hantent et que je hante ». Ainsi, selon Ernst, même en cherchant à faire l’œuvre la plus objective possible, la conscience humaine retrouve toujours des motifs connus. Il est donc non seulement novateur dans son approche des théories de l’art mais aussi par sa technique en elle-même. Il ne cesse d’inventer des techniques nouvelles comme le grattage ou le frottage de pigments directement sur la toile, tout en s’attachant à rompre avec les pratiques picturales classiques et académiques. Il ne s’arrête pas à la peinture mais utilise tous les supports qui s’offrent à lui, le collage, la fresque murale ou même le cinéma toujours dans le but de représenter le rêve ou l’absurde. Après la Seconde Guerre mondiale, qui l’a éloigné de son pays d’adoption pour un temps, Max Ernst revient en France. Il décède en 1976 à Paris. Artiste iconique du XXe siècle, sa contribution à l’histoire de l’art moderne marque nombreux de ses successeurs.